Où étiez-vous quand ça a explosé ?
Le 6 juillet 2013, la ville de Lac-Mégantic est plongée dans l’horreur lorsqu’un train transportant du pétrole brut déraille en plein centre-ville. Résultat : 47 morts, un centre-ville détruit, des conséquences environnementales et psychologiques durables.
Les résidents n’avaient pas été informés des matières dangereuses transitant dans leur ville. Ils n’avaient aucune idée du niveau de risque réel.
Ce n’est pas un cas isolé.
En 2021, à Shawinigan, une sirène d’alerte s’est déclenchée par erreur en pleine nuit.
Résultat : personne ne savait quoi faire. Certains croyaient à un test. D’autres à une attaque nucléaire.
L’information préalable n’était ni claire, ni accessible, ni répétée.
Ce que vous ne savez pas pourrait vous coûter cher
Et vous, êtes-vous prêt à répondre à ces questions simples ?
- Quelle est l’entreprise la plus à risque dans un rayon de 2 km autour de chez vous ?
- Quels produits chimiques manipule-t-elle ?
- Comment serez-vous alerté si un incident survient ?
- Avez-vous déjà entendu une sirène d’alerte dans votre quartier ?
- Avez-vous seulement reçu un jour un appel automatisé ?
Si vos réponses sont floues, c’est normal.
Au Québec, la transparence sur les risques industriels est encore trop partielle, et l’engagement citoyen très faible.
Un silence collectif sur les risques… jusqu’au jour où
Des entreprises comme Lassonde (Rougemont), Sobeys (Boucherville) ou d’autres distributeurs agroalimentaires manipulent de l’ammoniac en grande quantité. Cette substance, bien que courante, peut devenir toxique ou explosive en cas de fuite.
Le Règlement sur les urgences environnementales oblige les entreprises à produire un Plan d’urgence environnementale (PUE).
Mais savez-vous que ce plan peut être consulté par la population ?
Saviez-vous qu’un CMMI (Comité mixte municipal-industriel) peut exister dans votre région pour gérer ces risques ?
Malgré ces outils, les séances d’information sont désertées, les brochures ignorées, les technologies d’alerte (sirènes, appels, textos) sont mal comprises voire rejetées.
Quatre gestes simples pour briser le cycle de vulnérabilité
Voici ce que vous pouvez faire dès aujourd’hui pour devenir un citoyen informé et prêt à agir :
1. Identifiez les entreprises à risque près de chez vous
Utilisez les outils suivants :
- Communiquez avec le service de sécurité incendie local.
- Contactez un CMMI près de chez vous.
- Renseignez vous sur le site du CRAIM.
2. Comprenez les moyens d’alerte utilisés dans votre ville
- Sirènes, SMS, appels automatisés, publications Facebook de la ville, alertes Environnement Canada.
- Apprenez à reconnaître les signaux sonores et vocaux. Exemple : à Montréal, un son montant-descendant de 3 minutes signifie un danger immédiat.
3. Participez aux séances d’information
- Contactez votre municipalité pour savoir quand a lieu la prochaine simulation d’urgence.
- Si vous êtes dans une zone CMMI, demandez à participer comme observateur.
4. Créez votre plan familial de réaction
- Planifiez les consignes d’abri-in-place et d’évacuation.
- Gardez une trousse d’urgence à portée de main (air ambiant filtré, vêtements longs, radio à manivelle…).
- Discutez des scénarios en famille.
Refuser de savoir, c’est accepter de subir
Ne pas s’informer, c’est confier à d’autres le destin de vos proches.
Or, vous avez un rôle à jouer dans la gestion du risque industriel.
Les autorités ont l’obligation de vous informer, mais vous avez celle de vous y intéresser.
Vous êtes la première ligne de défense.
Partagez votre prise de conscience
Vous avez découvert une entreprise à risque près de chez vous ?
Vous avez appris quelque chose d’inquiétant ou d’éclairant ?
Commentez cet article, partagez-le sur vos réseaux, identifiez votre municipalité.
Faisons de ce tabou un sujet de conversation publique, pas de panique privée.